12/02/08

Mardi 12 février : Les dernières volontés d’Omar n’auront pas été respectées…


Ce mardi 12 février, nous aurons été une cinquantaine, sur l’heure de midi, à rendre un dernier hommage à Omar, de son nom complet Hassan Bayero. Un citoyen du Monde, originaire du Niger et âgé de 28 ans seulement, parfaitement intégré chez nous, volontaire et à la recherche de son autonomie. « Ça aurait fait un bon Belge ! », disait de lui tout à l’heure une amie.

Une semaine plus tôt, Omar, plutôt que de se résoudre à devoir rentrer dans le pays qu’il avait fui quatre ans plus tôt, a décidé de se donner la mort, en se jetant sous en train, en gare de Namur. Depuis le 28 janvier, il était en effet en possession d’un « ordre de quitter le territoire », document administratif froid et sans appel ou presque, mettant un terme négatif à sa trop longue procédure de demande d’asile dans notre Pays de Cocagne.

Omar aurait voulu être enterré auprès des siens, dans son pays d’origine. C’était une de ses dernières volontés, clairement exprimée à ses plus proches. Mais c’est tout juste, grâce à la vigilance des employés du CHR de Namur, au soutien du CPAS de la Ville de Namur et à la mobilisation de ses amis, qu’il aura évité la fosse commune et obtenu l’enterrement le plus digne possible dans de telles circonstances. À défaut de pouvoir être rapatrié au Niger, il reposera désormais dans le carré réservé aux personnes de religion musulmane, au cimetière communal de Belgrade.

Omar est ainsi une nouvelle victime de la politique inhumaine et à courte vue de la Belgique en matière d’asile et d’accueil des sans papiers. Depuis la régularisation obtenue sous l'impulsion d'ECOLO sous le gouvernement arc-en-ciel, tout est fait pour leur rendre la vie la plus dure possible, malgré des poches de résistance et la militance de nombreuses associations en faveur de plus d’humanité et d’une vision plus large et généreuse. Des familles avec enfant enfermées dans des Centres fermés, des protocoles de « collaboration » entre la Police et Fedasil, des arrestations arbitraires (comme celle de la famille de la petite Angéla, cet été), des régularisations au cas par cas, à la discrétion du Ministre de l’Intérieur, dont les intéressés ne comprennent pas (et pour cause...) la logique… et les yeux fermés sur le travail au noir, voire la traite des êtres humains, que l’absence de statut de ces hommes et de ces femmes engendre. Résultat : le désespoir. 150 personnes en grève de la faim à Bruxelles depuis des semaines. Et Omar qui préfère se jeter sous un train plutôt que de devoir abandonner ce qu’il avait commencé à construire, ici, « chez nous », en Belgique.

Jouer avec les sentiments, avec l’espoir ou le désespoir, c’est criminel. À un moment de leurs discussions, les négociateurs de l’orange-bleue ont entre ouverts une porte, celle de l’immigration économique, suscitant les rêves les plus fous. Les négociations ont capoté. Tout doit être réécrit. Et, en l’attente d’une loi avec des critères clairs et humains, plutôt que de décider d’un moratoire sur les expulsions, comme le demande ECOLO depuis maintenant des semaines, on continue d’appliquer la même politique, discriminatoire et arbitraire. Dans quel pays vivons-nous, si c’est pour ignorer ainsi les droits les plus élémentaires de Justice et d’Egalité ?

Demain, j’interrogerai, à nouveau, le Ministre de l’Intérieur, Patrick Dewael, sur le sort réservé aux sans-papiers par notre « gouvernement » fédéral. Peut-être ce nouveau dossier, ce nouvel exemple de la cruauté de notre système, infléchira-t-il enfin ses positions ? A tout le moins, à défaut d’avoir pu disposer de papiers officiel, Omar verra son nom figurer dans les annales parlementaires. Ce ne sera même une consolation pour ceux qui l’ont connu et aimé…

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Canal C et le JT de la RTBF ont consacré de très belles et très sensibles séquences à l'enterrement d'Omar, ce mercredi soir...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce billet a été repris dans la revue des blogs du Politique show.

Bien à vous.