19/12/08

Vendredi 19 décembre : Ce qui devait arriver est arrivé, mais ce n’est pas ça qui résoudra les crises auxquelles la Belgique est confrontée

Yves Leterme aurait dû savoir qu’en déposant, ce mercredi à 14h15 sur le pupitre des parlementaires, une lettre décrivant par le détail les contacts entre son Cabinet et des acteurs du monde judiciaire chargés du dossier opposant des actionnaires de Fortis à l’Etat belge, il déclencherait une réaction en cascade, conduisant in fine à la démission de son gouvernement. Il fait aujourd’hui – comme à son habitude - mine d’être étonné de ce qui arrive, de ne pas comprendre, voire d’être confronté à une situation injuste. Mais tout ce qui est arrivé au cours des dernières 56 heures était tout à fait prévisible, dès lors que cette lettre apportait si pas des preuves au moins de lourds indices que le principe fondamental de la séparation des pouvoirs avait été bafoué par son gouvernement dans le cadre du volet judiciaire dossier Fortis.

Depuis lors, chacun a fait son boulot : l’opposition, dont le groupe ECOLO-Groen ! a relevé toutes ces contradictions, a demandé des explications et s’est interrogé sur la confiance dont bénéficiait encore ce gouvernement ; la majorité a essayé de tempérer, avec la proposition d’une commission d’enquête, qui permettrait de gagner du temps mais ne pourrait aboutir qu’à un nouveau déballage ; les médias ont commenté, relevant unanimement les erreurs de Leterme et de son gouvernement, l’appelant à prendre ses responsabilités ; la Justice (le Judiciaire), par la voix du 1er président de la Cour de Cassation a dénoncé au Président de la chambre (le Législatif), les manœuvre du gouvernement (l’Exécutif) pour influencer le jugement en appel, une rupture évidente du principe si cher à Montesquieu.

Les éléments de preuve s’accumulant, le Ministre de la Justice a décidé en cette fin d'après-midi, de démissionner, suivi par l’ensemble du Gouvernement, collégialement responsable de la situation et ne disposant plus (si ça a jamais été le cas) de la capacité collective à gérer le pays.

La conséquence est logique, mais ne résout en rien les crises auxquelles nous sommes confrontées et qui nécessitent au contraire un pouvoir politique fort et visionnaire. La responsabilité du gouvernement Leterme par rapport à cette situation est énorme.

Tout le monde est conscient qu’on ne peut pas aller aux élections deux fois à six mois d’intervalle et qu’on a besoin d’un gouvernement fort. Et ECOLO, tout particulièrement, attend qu’on prenne à bras-le-corps les enjeux de réforme du système financier, de lutte contre la fracture sociale et de révolution énergétique qui sont plus prégnants que jamais.

C’est à ces trois défis aussi que le Roi doit pouvoir répondre à l’issue des consultations entamées ce vendredi…

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