20/05/08

Mercredi 21 mai 2008 : Il est urgent de revaloriser les plus petites et les plus anciennes pensions

C’est passé trop inaperçu jeudi passé à cause du dossier BHV, mais l'essentiel de la séance a été occupé par un long débat sur le projet de loi-programme déposé par le gouvernement, au cours duquel je suis intervenu assez longuement sur le dossier "pensions", ce que vous pouvez revoir sur le site de la Chambre si ça vous intéresse. De même, à l'avant-veille d'un super Conseil des Ministres qui se saisira peut-être enfin sérieusement du dossier, Vers l'Avenir consacre ce matin une page complète à cette question.

Alors que le taux de pauvreté n’a jamais été aussi élevé parmi nos aînés (20,6% des + de 65 ans et 24,6% des + de 75 ans ont un revenu qui se situe sous le seuil de pauvreté, tandis que ce pourcentage est de 13% en moyenne pour l’ensemble de la population), alors que la non-liaison des allocations sociales au bien-être a provoqué un décrochage progressif du niveau de revenu relatif des pensionnées et pensionnés, alors que le fonds du vieillissement (qui doit permettre d’absorber le choc de l’arrivée massive à la pension des babyboomers) n’a plus été alimenté depuis deux ans, il n’y a plus de temps à perdre.

Plutôt que se perdre en questions institutionnelles et de reporter à après-demain les choix budgétaires en faveur de plus de solidarité, il est urgent que le gouvernement dégage des budgets importants pour prendre en compte l'enjeu du vieillissement. Cela passe par une revalorisation des plus petites et des plus anciennes pensions et par le dégagement de boni budgétaires pour alimenter le fonds du vieillissement.

Dans ce contexte, la décision de supprimer la cotisation de solidarité, qui coûtera à terme 300 millions d’euros au budget « pensions » est un choix étonnant, qui va à contre-courant des besoins et des véritables urgences. Le gouvernement fédéral s’occupe d’une fuite d’eau alors qu’il y a le feu à la maison !

S'il y a effectivement des moyens nouveaux pour les pensions, ils doivent prioritairement être utilisés en ce sens. D’après nos calculs, le montant de 300 millions d’euros prévus pour supprimer la cotisation des solidarité, additionné de 50 millions d’euros pour ce qui concerne les indépendants, permettrait déjà de relever, pour ce qui concerne les anciens indépendants et employés :
• de 4% les pensions prises avant 1985
• de 3% les pensions prises entre 1992 et 1985
• de 2% les pensions prises entre 1993 et 1999
• de 1% les pensions prises entre 2000 et 2007
… et d’atténuer ainsi les effets du temps sur les revenus des bénéficiaires de pensions.

Soyons attentifs à ce que le Gouvernement sortira de sa réunion en "super Conseil" : ces 350 millions pourraient être utilisés pour aider à sortir de la pauvreté les petits pensionnés... si telle était la volonté politique. Il s'agit en tout cas d'un bon test pour mesurer sa capacité et sa volonté à combattre la fracture sociale !

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RTL-Tvi a consacré ce mercredi soir une séquence à notre appel à une revalorisation des plus petites pensions, avec notamment le témoignage d'une ancienne infirmière, pensionnée, malade et qui doit vivre avec 922 euros par mois. A voir ou revoir en cliquant ici ou sur l'écran ci-dessous.



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La Ministre des Pensions, Marie Aréna, a réagi avec vigueur à la note d'analyse qui a été à l'origine de ce papier de Vers l'Avenir. C'est de bonne guerre et c'est son rôle.

Elle remet notamment en cause les chiffres publiés. Pourtant, ils proviennent tous de rapports officiels, présentés en commission des affaires sociales, du Comité d'Etude sur le Vieillissement ou de diverses administrations publiques.

Elle affirme aussi que de nouvelles mesures seront prises en faveur des pensions, notamment dans le cadre du super gouvernement de ce vendredi. On verra bien. A tout le moins, cette sortie dans la presse aura permis de remettre le dossier "pensions" au-dessus de la pile. C'était mon objectif!

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