6/12/07

Lundi 3 décembre 2007 : Contrôle de police musclé ce lundi sur la ligne 132, à Philippeville, en présence « fortuite » de la presse



J’ai cru m’étrangler en ouvrant mon journal ce mardi 4 décembre au matin. Photos à l’appui, sous le titre explicite « Une quinzaine de jeunes interpellés », Vers l’Avenir relatait avec moult détails une opération policière de grande envergure, visant à contrôler « par surprise » les passagers du train reliant Couvin à Charleroi, dans le cadre d’une opération très mal nommée « train de la Saint-Nicolas ». A hauteur de Philippeville, 45 policiers attendaient ces étudiants pour procéder à un contrôle et à une fouille en règle, à l’issue de laquelle 15 procès verbaux ont donc été dressés.

Se promener avec des armes prohibées, trafiquer des stupéfiants, semer le trouble dans les transports publics, tout cela n’est évidemment pas acceptable.

Mais la méthode utilisée et surtout la médiatisation de l’opération posent des questions que j’ai souhaité relayer au Ministre de l’Intérieur.

D’une part, n’y a-t-il pas disproportion entre les moyens mis en œuvre et les objectifs poursuivis ? L’efficacité doit-elle être ostensible pour être réelle ? Fallait-il ainsi « infiltrer » la cohorte des passagers, déployer autant d’hommes pour une seule et même opération « coup de poing », histoire d’intimider quelques étudiants turbulents ?

D’autre part, ce contrôle « surprise » ne l’était donc pas pour tout le monde : des représentants de la presse locale avaient été informés de l’opération et étaient présents sur place avec appareil photo et carnet de note. Fallait-il vraiment médiatiser cette opération, au risque de donner des jeunes concernés et de tous les jeunes ou presque en général une image déplorable, celle de délinquants potentiels ?

C’est à ce propos que j’ai interrogé Patrick Dewael ce mercredi en Commission de l’Intérieur de la Chambre. Tout en se déclarant non-responsable de l’opération et en la replaçant dans le contexte de faits de violence répétés… au mois de mai dernier, il m’a donc notamment déclaré que la présence sur place de la presse n’était pas le résultat d’une invitation des autorités locales de police mais était « purement fortuite ». Vous l’auriez cru, vous ?

A mes yeux en tout cas, les trop faibles ressources des services de police (et des services publics en général) devraient prioritairement être utilisées à une présence régulière et de proximité, plutôt qu’à des démonstrations de force comme celle de ce lundi !

De même, les règles les plus strictes de déontologie devraient être appliquées à la communication autour de ce type d’opération, au risque de renforcer le sentiment d’insécurité sans pour autant en avoir attaqué les causes profondes.

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Pour lire mon échange à ce sujet avec le Ministre Dewael, cliquer ici !

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