15/07/08

Mardi 15 juillet 2008 : Démission d’Yves Leterme – ECOLO-Groen !, un mode de collaboration à extrapoler ?

Alors même qu’un consensus semblait se dégager sur sa propre proposition d’organiser un nouveau dialogue « de communauté à communauté » pour réfléchir à la réforme de l’Etat tant réclamée par les partis flamands, Yves Leterme a décidé, faute de soutien au sein de son propre parti (sans même parler de son cartel), de jeter le gant et de présenter – pour la troisième fois en 12 mois, record battu ? – sa démission au Roi.

Cette information, que laissait présager l’annonce de sa visite au Palais Royal hier soir très tard, a été confirmée ce matin et largement commentée, suscitant l’incrédulité et un lourd sentiment de gâchis. Au cours des quatre derniers mois, l’ex-Premier Ministre, même s’il a fait des efforts, s’est montré incapable de prendre le leadership de la négociation, de mettre sur la table des pistes de solution crédibles et praticables ou encore d’oser affronter les éventuelles critiques flamandes par rapport aux compromis avancés. En ce sens, l'issue du jour était sans doute inéluctable!

D'autant plus inéluctable qu'elle trouve sa source à la création - voulue par Leterme lui-même - du "cartel" CD&V-NVA et à la campagne électorale résolument anti-francophone menée par les uns et par les autres. Leterme a joué les apprentis sorciers et est aujourd'hui prisonnier de la machine infernale qu'il a créée et qui a contribué à la radicalisation des points de vue des uns et des autres. Il a beau jeu d'affirmer aujourd'hui que tout cela démontre que "le modèle de concertation au niveau exclusivement fédéral a atteint ses limites". Sans nier les évolutions de notre fédéralisme aujourd'hui utiles, n'oublie-t-il pas un peu vite qu'il a été un des acteurs principaux de la radicalisation qui pourrit le climat et crispe les uns et les autres?

Et le gâchis est d’autant plus important qu'un tas de décisions utiles et nécessaires (attribution des aides Loterie Nationale, renouvellement ou non du CEO de Belgacom, Golden Share d'Electrabel sur Suez, adaptation du précompte sur les pensions,...) restent en rade, que la situation budgétaire (avec un lourd déficit qui s’annonce, la non-dotation au fonds du vieillissement et l’absence de mesure radicale pour rétablir la situation), sociale (avec un pouvoir d’achat insuffisant, notamment pour les allocataires sociaux), économique (avec un manque structurel d’emplois en Wallonie et à Bruxelles et des investissements insuffisants dans les Nouvelles Technologiques Vertes) et surtout environnementale (ils sont bien loin les beaux discours de la campagne électorale sur la volonté des uns et des autres d’affronter le défi climatique !) n’a jamais été aussi grave. Aujourd’hui (et pourquoi combien de temps ?), il n’y a de facto plus de gouvernement et plus de capacité parlementaire à contrôler (et à tenter d’orienter) l’action de l’exécutif, ce qui est démocratiquement particulièrement regrettable.

Au cours de ces quatre mois, ECOLO et Groen! ont à la fois joué leur rôle d’opposition au gouvernement pentapartite (bien trop tiède dans ses choix sociaux et environnementaux), et de partenaires des négociations institutionnelles (histoire de faire valoir leur expérience de collaboration quotidienne, de veiller aux intérêts de chaque communauté et d'impulser, dans le contenu de la négociation, leurs priorités programmatiques, notamment en matière de climat).

Ce matin, alors qu’une nouvelle période de turbulences s’amorce, nous avons réaffirmé notre volonté commune de contribuer à la recherche de solutions, dès lors qu’il apparaît aujourd’hui évident qu’il est nécessaire, dans le respect des uns et des autres et avec des garanties du maintien de la solidarité interpersonnelle, de moderniser notre Etat et de prendre en compte ses évolutions lourdes.

Pour y parvenir, nous proposons de mettre de côté les plus extrêmes des négociateurs (flamands comme francophones). Et nous offrons à nos partenaires de négociation le modèle d’une collaboration quotidienne, certes pas toujours simple, mais drôlement productive dès lors qu’il s’agit de rapprocher les points de vue et de tirer le meilleur de chacun, au plus grand profit de nos concitoyen(ne)s.

Il est plus que temps d’agir : dans la rue, plus grand monde ne semble comprendre et a fortiori accepter la prolongation de la chienlit gouvernementale !

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Canal C m'a interrogé, ce mardi 15, devant le Parlement, pour connaître mon point de vue sur la situation. Pour revoir cette interview réalisée par Benoît Derue (au micro) et Gilles-Antoine Moniotte (à la caméra), cliquez sur la télé ci-dessous. Pour connaître l'avis d'autres mandataires namurois, cliquez sur ce lien. Bonne vision!

2 commentaires:

Seb a dit…

A moins bien sur, qu'on ne privilégie une solution plus pragmatique: le confédéralisme.

Je pose la question sur mon blog: http://blogseb.wordpress.com/2008/07/16/confederation/

Extrait: "Le choix confédéraliste reviendrait à rationaliser le système en place actuellement. Car s’il y a bien un état central fédéral en Belgique, dont le gouvernement dispose de pouvoir étendus, la formation du gouvernement central est issue d’une éléction sur des bases régionales."

Georges Gilkinet a dit…

Le choix confédéral (pour autant qu'on parle tous de la même chose) peut apparaître séduisant mais il me semble tout à la fois peu praticable et peu compatible avec les options de solidarité qui sont les miennes.
Un confédération est une association d'états, ce que ne sont pas la Flandre ou la Wallonie (sans parler de Bruxelles). Une confédération rassemble des états qui décident de collaborer (comme l'Europe) plutôt que de diviser un Etat.
Je te rejoins par contre sur le fait qu'il faut moderniser notre Etat fédéral, le rendre plus efficace par rapport à des enjeux concrets qui touchent les gens et même réviser notre système électoral (circonscription fédéral unique) ou démocratique (un sénat des régions).
Par contre, nous ne serons difficilement d'accord sur un système moins solidaire, qui pourrait être le résultat d'une régionalisation de la sécu (ou du moins d'une partie d'entre elle).
Notre responsabilité est de trouver des solutions dans ce cadre, éloignées des replis identitaires, communautaristes ou égoïstes.